On dit souvent que les meilleures rencontres nous tombent dessus... littéralement.

Téléphone dans une main, je traverse le parc de la ville. C'est plutôt mignon et calme comme endroit. Bon, ça a l'air d'être fréquenté par un peu n'importe qui, mais ca semble être le dicton de cette ville : venez comme vous êtes. Attention quand même à cette phrase hein, parce-que vous vous réveillez un matin avec des chaussures et des sacs à mains de sous marques. Bref, mon téléphone vibre, et je reconnais évidemment le numéro. Il essaye de m'appeler depuis ce matin. Naturellement, je souffle un bon coup avant de porter le téléphone jusqu'à mon oreille après avoir décrochée. "Quoi ??" J'avance dans le parc, tête baissée, touchant mes cheveux de la main libre, un peu stressée en écoutant mon interlocuteur m'insulter et me rabaisser plus bas que terre. Je ne peux pas placer un mot, il ne me laisse pas le temps et semble en avoir gros sur le coeur. J'essaye de paraître le plus normal possible alors que j'ai tout simplement envie de m'effondrer. Je continue ma marche et je traverse - sans le voir - la piste des sportifs du parc. Oui, vous savez, généralement c'est sur ce chemin que les plus courageux décident de courir et de transpirer.

Bref. "Ecoute moi bien espèce de sale .." Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que je suis à terre, après avoir été bousculée d'une sacrée force. Téléphone écroulé quelques mètres plus loin, je passe les mains sur mon visage, sentant les larmes me monter, comme une sorte de pression qui retombe. J'entends une voix grave masculine et en tournant la tête, une main se tendre. Je l'attrape, tentant de reprendre mes esprits. "Euh... merci." Je pose enfin mon regard sur le jeune homme, le temps de quelques secondes seulement avant de ramasser ensuite rapidement mon portable qui s'en sort avec une petite rayure sur l'écran seulement. J'en rachèterai un, tant pis. Je raccroche, puisque la conversation continuait et que j'entendais encore vaguement des insultes sortir du haut parleur activé pendant la chute. Il se présente. Romeo. Mes larmes redescendent petit à petit au lieu de sortir et je reprends un souffle plutôt régulier. "C'est pas grave, vraiment." Mais qu'est-ce-que je dis ? Il vient de se présenter et je suis encore entrain de l'excuser ? "Amber." Annonçais-je seulement, même si mon visage devait être assez familier dans une petite ville comme celle-ci vu ma popularité, bien qu'en baisse ses dernières années.

Je commençais à me perdre dans mes pensées et souvenirs et c'est pas bon. Pas bon du tout. Je tente donc de reprendre plutôt rapidement le contrôle de la situation et j'y parviens. Je souffle discrètement quelques secondes, fixant un point du paysage avant de reposer mon regard sur le beau brun face à moi qui semble sincèrement sonné et quelque peu désolé de cette rencontre à bascule. Je le fixe donc quelques secondes dans les yeux avant de descendre naturellement les yeux, examinant de la tête aux pieds le jeune homme, m'attardant un peu plus sur son torse bien dessiné dont le haut est quelque peu mouillé de sueur. J'esquisse un fin sourire avant d'entendre sa remarque sur mon prénom. "C'est gentil, merci. Romeo, c'est très classe aussi." Soulignais-je, m'amusant à tapoter sur mon portable avec mes ongles manucurés alors que ce dernier s'évapore le temps de quelques secondes, avant de s'excuser. Il m'a reconnu. Je baisse naturellement le regard, bien que ce soit plus que flatteur, c'est toujours une partie gênante de ma vie lorsque je croise quelqu'un qui me reconnaît pour mon métier d'actrice. "Merci, c'est gentil.." Me contentais-je de répondre avant de relever la tête et de pointer de la main libre son haut transpirant. "Pas trop dur ?" Je parle de l'effort physique, bien sûre. Pour s'y tenir, il faut malgré tout une certaine force mentale. Je sais de quoi je parle, j'ai un coach sportif, qui est resté à Chicago certes, mais j'ai eu de durs entraînements moi aussi. Quelques mètres plus loin, j'aperçois un petit stand vendant quelques boissons, je me mordille la lèvre inférieure, avant de plonger à nouveau mon regard dans celui du beau garçon. "Pour vous faire officiellement pardonner, vous acceptez de me payer un petit quelque chose ?" Demandais-je naturellement, pointant du doigt le fameux stand, fin sourire aux lèvres alors que le vent soulève quelques unes de mes mèches.

C'était plutôt compliqué pour moi de m'adapter à cette nouvelle vie, si je puis dire. Vivre dans une toute petite ville comme Tree Hill, c'est assez oppressant. Vous savez, je suis le genre de personne qui a la folie des grandeurs et il est clair que la ville de Chicago me manque un peu. Uniquement la ville, pas la vie que je menais là-bas par contre. Me promener dans ce parc, c'était un peu comme respirer l'air frais, aspirer à de nouvelles choses et me laisser rêver le temps d'une petite ballade seulement. Cependant, cette ballade fut interrompue par mon téléphone et cette conversation plus que désagréable. En y repensant, rien ne me retenait à Chicago. A part une seule personne... Mais j'ai décidé d'aller de l'avant, d'oublier le passé et me de concentrer sur le présent et pourquoi pas le futur, même si j'ai toujours trouvé ça compliqué d'envisager un futur. Oui, je suis également le genre de personne à vivre au jour le jour, sans spécialement penser à demain. Et d'un côté, ça m'évite aussi de remettre les projets à plus tard. J'aime le moment présent, la prise de risque, l'adrénaline. Ne pas savoir ce qui m'attend en me levant le matin, j'en ai fait mon métier. Être actrice, c'est aussi être parée à toutes sortes d'imprévus et c'est ce que je trouve particulièrement excitant. Et finalement, me voici maintenant en présence d'un inconnu, plus que charmant il faut l'admettre, qui m'a littéralement fait chavirer, au sens propre du terme. Il semble plutôt gêné de notre rencontre et je trouve ça plaisant. Ayant remarquée un stand à boissons plus bas, je propose au jeune homme, afin de se faire pardonner, de me payer un petit quelque chose, ce qu'il accepta. Ni une ni deux, je m'empare délicatement de son bras, telle une petite princesse qui a besoin d'être escortée, et en route vers les soda. Pendant le petit trajet, il sort de sa main libre son porte monnaie, me demandant ce qui me faisait envie. Je hausse doucement les épaules, léger sourire aux lèvres. "Je prendrais la même chose que vous." L'informais-je alors que mon regard est rivé sur mes chaussures à talons, faisant attention à mes moindres pas pour ne pas tomber à nouveau. "Vous faites quoi dans la vie ?" Demandais-je au beau brun, intéressée. Peut-être son métier est-il lié à son côté sportif et ce corps parfaitement sculpté ? Je me doute qu'il gagne plutôt bien sa vie. Enfin, je le sais. Je n'ai pu m'empêcher de jeter un coup d'oeil -bien que furtif- à son porte monnaie lorsque ce dernier a daigné le sortir de sa poche.

On dit toujours que ce sont les rencontres les plus inattendues qui sont les meilleures. Il est vrai que je ne vais pas me plaindre d'avoir été bousculée par le beau brun. J'avais besoin à présent de penser à de nouvelles choses, de ne plus rester fixée sur le passé mais d'aller de l'avant. En tant normal, je pense que j'aurais été odieuse envers la personne m'ayant bousculée, mais tellement de choses étaient justement entrain de défiler et de se bousculer dans ma tête qu'il était impossible de prononcer le moindre mot offensant à l'encontre du jeune homme. Ma courte conversation téléphonique m'a clairement retournée l'estomac et j'avais besoin de rapidement penser à autre chose. C'est donc ainsi que j'attrape le bras du beau Roméo après avoir pointée du doigt un stand à boissons. J'observe ce dernier prendre deux cocas et les payer, je prends le mien après avoir remercier le serveur d'un léger sourire avant de poser mon regard sur Roméo. "C'est gentil, merci." Lui dis-je alors, ne pensant pas qu'il allait réellement accepter de me payer quelque chose à boire. Sincèrement, j'avais plutôt lancée ça sur le ton de l'humour afin de détendre un peu l’atmosphère et l'ambiance gênante qui s'était installée après notre rencontre ... brutale. Je laisse apparaître un léger sourire en coin lorsque le beau brun demande s'il est à présent pardonné. Je fais une légère moue d'enfant. "Je ne suis pas une femme facile, mais vous êtes sur le bon chemin pour l'être, oui." Lui répondis-je amusée, avant de baisser doucement le regard sur ma boisson et de l'apporter délicatement jusqu'à mes lèvres pour en boire quelques gorgées. Je me renseigne par la suite sur la carrière du beau brun, qui m'affirme être coach sportif dans un lycée, puis mannequin et sauveteur. Décidément, ça en fait des choses ! "Vous arrivez à supporter les adolescents ? Je vous envoie toute mon admiration ..." Lançais-je, avant de laisser s'échapper un léger rire avant de détailler doucement le corps du jeune homme. Oui, ça ne m'étonne pas qu'il soit dans le milieu du mannequinat. Il a totalement le corps pour. "Et vous faites tout ça depuis quand ?" Lui demandais-je avant de remettre un peu mieux mon long manteau -qui m'a soit dit en passant coûtée une fortune- afin d'avoir moins froid. Je me demande un peu l'âge qu'il a. Venait-il de débuter dans le mannequinat ? Je ne le voyais pas beaucoup plus âgé que moi, mais pas beaucoup plus jeune non plus.

En temps normal, il est clair et net que j'aurais certainement été plus que mauvaise, froide et hautaine avec lui. Enfin, vous savez, le genre de personnes qui bousculent une autre parce-qu'il n'a pas été attentif. Mais une fois mon regard posé sur le beau brun, il était compliqué de devenir un brin mauvaise et surtout de ne pas sentir mes joues devenir rouges alors qu'il ne demande qu'à être pardonné pour ce geste. Tout compte fait, je ne vais pas me plaindre de cette rencontre, bien que brutale, puisqu'elle me permet de prendre l'air et de me balader en charmante, très charmante compagnie. J'enroule mon bras autour de celui du beau brun alors qu'il m'offre un coca à siroter afin de se faire pardonner. Je trouve sincèrement l'intention et l'attention réellement mignonnes. Peu de personnes auraient fait tout ça, je pense. Je décide donc ensuite de le suivre et de m'installer près de ce dernier sur un petit banc alors qu'il me parle un peu de lui et de son métier. Il est coach sportif dans un lycée, à côté de son job de mannequin. Il arrive donc à supporter les ados et les défends même légèrement. J'esquisse un fin sourire, haussant doucement les épaules. "C'est vrai, on est tous passés par là." J'ai beaucoup de mal avec les adolescents, mais j'en ai été une moi aussi, et pas facile à canaliser il faut le dire, donc il faut que j'apprenne à garder un oeil positif sur eux tout de même. Il se retrouve en eux ? Je fronce délicatement les sourcils, plantant mon regard dans le sien. "C'est à dire ?" Lui demandais-je intéressée, croisant mes jambes. Il a l'air d'être mature, responsable. Est-ce dû à un événement du passé ? Ou est-ce simplement moi qui suis encore trop adolescente dans ma tête justement pour accepter qu'on soit si sage et mûre à 27 ans ? Je l'écoute ensuite me parler de son métier de mannequin, qu'il fait depuis son adolescence, bien que ce soit beaucoup plus sérieux depuis qu'il est devenu adulte. Naturellement, je me mordille doucement la lèvre inférieure, alors que mon regard se perd vite sur le corps parfaitement sculpté du garçon. "Je dois admettre que votre succès dans ce domaine est compréhensible." Lui lançais-je, amusée. Il faut rester honnête : c'est un très bel homme, et aucune fille ne peut le nier. J'apprends par la même occasion qu'il est photographe, à ses heures perdues. C'est plutôt une passion. "Vous prenez des photos de paysages ou des photos de mannequins ?" Lui demandais-je alors, avec un léger sourire aux lèvres alors qu'il me retourne la question sur mon métier d'actrice, en me tutoyant. Ca me fait sourire, j'en conclus donc qu'il est plutôt à l'aise en ma présence. C'est agréable. "Je suis actrice depuis l'âge de 20 ans à peu près." L'informais-je dans un premier temps. "J'ai la chance d'avoir un père qui est dans ce milieu et il m'a quelque peu aidé à me lancer dedans." Rajoutais-je avant de boire de nouvelles gorgées de mon coca. "J'ai arrêté, pour des raisons compliquées, mon métier il y a un peu plus d'un an." Et ça me manque, je l'avoue. C'est aussi l'une des raisons pour laquelle je suis arrivée à Tree Hill retrouver mon grand frère Julian.