C'était une journée banale, semblable à celle de la veille et de tous les autres jours qui l'avaient précédée. Sur le coin de son bureau une pile de dossier avait été posé et Yuna avait la nette impression que cela ne finirait jamais. Dès qu'elle avait la chance d'en traiter un, de nouveaux arrivaient pour s'ajouter à la pile. Le métier d'avocat ne se résumait pas seulement à faire aller votre bouche devant un jury. Ils devaient aussi passer une grande partie de son temps dans son bureau à éplucher les dossiers de leurs clients. Concentrer sur son travail, le seul bruit qui pouvait ce faire entendre dans la pièce était les quelques gouttelettes d'eau qui tombaient de la cafetière qu'elle venait tout juste d'utiliser. La tasse brulante poser à côté d'elle, le visage froid et fermé, rien n'aurais pu détourner l'attention de Yuna loin de son travail. Il lui arrivait parfois de s'imaginer dehors à regarder passer les passants juste comme ça, lorsqu'aucune affaire de ne l'intéressait pas, mais là en cet instant précis, ce n'était pas le cas.

Assise derrière son bureau, Yuna mettait un point final au contrat qu'elle avait rédigée pour un futur client. Satisfaite de ce qu'elle avait fait elle fit tout imprimé avant d'y mettre sa signature et le reposer avec délicatesse. La sud-coréenne s'accorda ensuite un moment de pause, profitant de l'instant pour s'étirer et bâiller. La journée n'avait pas été de tout repos. Premièrement, elle s'était rendue chez la famille d'accueil d'une de ses plus jeunes cliente et ce, dans l'intention de bien la préparer pour le procès à venir contre son agresseur, mais cette dernière avait admis ne pas avoir été totalement honnête avec elle en omettant plusieurs détails importants. À cette fâcheuse révélation, Yuna s'était presque arraché les cheveux, car elle devait maintenant revoir tout son dossier en entier et préparer une nouvelle attaque et ce, dans un délais plutôt court. Yuna adorais son travail, mais jamais elle n'avait pu supporter ce genre de client qui compliquait son travail en gardant le silence. En temps normal, elle ne perdait pas son temps avec ce genre d'individu et les refilait à un autre avocat, mais comme celle-ci était très jeune et craintive, Yuna s'était montré plus compréhensive vis-à-vis d'elle. C'est donc pourquoi au lieu de laisser la jeune fille en plan, l'avocate avait pris soins de tout retravailler son dossier et ce, avec elle. Cela lui avait pris toute la matinée, mais maintenant que c'était fait, elle et sa cliente serait en mesure de se préparer plus adéquatement contre les avocats de l'agresseur.

Maintenant que son contrat avait été imprimé, Yuna pouvait enfin quitter bureau et se rendre à son dernier rendez-vous. Ainsi, l'avocate ferma le dossier dans lequel elle avait rangé le bout de papier et se leva. Comme elle ne comptait pas revenir avant demain, elle ferma l'ordinateur et demanda à sa secrétaire de verrouiller derrière elle, avant de quitter avec son porte-document. Dans sa voiture, Yuna entra l'adresse qui lui avait été fournie dans son GPS et démarra. La route ne fut pas bien longue et elle en était plus que reconnaissante, car elle avait déjà cinq bonnes minutes de retard. La sud-coréenne détestait être en retard pour la simple raison qu'elle-même n'appréciait pas qu'on la fasse attendre, alors faire subir la même chose à quelqu'un était tout simplement une insulte pour elle. Lorsqu'elle se retrouva devant un appartement, elle grimaça de dégoût. Partager ce genre d'espace avec des inconnues, qui plus est, était tout simplement révoltant aux yeux de cette femme. Une fois à l'intérieur du building, elle refusait de toucher à quoi que ce soit, allant même jusqu'à sortir un mouchoir de sa poche pour peser sur le bouton de l'ascenseur. Habillée d'un manteau noir qui laissait entrevoir une robe moulante, mais sobre, Yuna pesa sur la sonnette avec le même mouchoir qu'elle avait utilisée dans l'ascenseur et attendit patiemment qu'on viennes lui répondre.

Une jeune femme vint ouvrir la porte à Yuna et l'invita à entrer. Lorsqu'elle pénétra dans l'appartement, elle jeta un oeil autour d'elle. C'était petit, mais douillet. Le genre d'endroit qui plaisait plus ou moins à cette femme capricieuse et gâtée qu'elle avait toujours été. Mais passons... Milicent se présenta à Yuna pour la seconde fois avant de faire de même pour son compagnon de vie. Après avoir remercié poliment Marvin pour l'aide qu'il lui avait porté avec son manteau, elle alla s'asseoir à l'endroit que lui avait indiqué Millicent. Bien qu'elle ait demandé à Yuna ce qu'elle désirait boire, l'avocate était pour l'instant incapable d'en placer une. Certains en auraient été offusqués, mais pas Yuna. Depuis qu'elle avait commencée sa carrière d'avocate, elle avait souvent eu à faire à des clients qui, comme Millicent, était incapable de se taire une fois en proie à la nervosité. Dans ce genre de situation, il était préférable de les laisser faire plutôt que de les réprimander. Bien que cela puisse parfois être énervant, cela pouvait s'avérer très utile lorsqu'on portait attention à leurs mots. En écoutant très attentivement, on pouvait récolter d'importantes informations. Dire à quelqu'un de fermer sa gueule n'était pas non plus une bonne chose à faire, surtout lorsque vous pratiquiez un travail qui dépendait beaucoup sur la confiance et le respect que vous portais votre client. Sans ces deux choses, votre affaire était vouée à l'échec avant même qu'elle ait commencée...

Lorsque Miss Huxtable remercia Yuna de s'être déplacé, celle-ci la rassura. « Il n'y a aucun problème Millicent, je comprends très bien votre situation pour en avoir été victimes moi-même. » Victime était le mot juste, en effet... Durant sa grossesse, Yuna avait fait une grosse dépression dont elle ne s'était jamais réellement remise. Encore aujourd'hui, elle devait prendre des antidépresseurs. Yuna avait cru pendant un temps que les choses s'arrangeraient, mais non. Aussi étrange cela puisse être, elle n'était jamais arrivée à ressentir quoi que ce soit pour son fils, autre que de l'indifférence et un grand détachement. Elle était dépourvue de tout instinct maternel, allant même jusqu'à ne ressentir que du dégoût pour tout ce qui touchait de loin ou de près les enfants. Lorsque ses yeux s'étaient posés sur le ventre arrondi de Millicent, elle avait rapidement détournée le regard. Malgré son dédain, elle félicita tout de même les nouveaux parents. Ses paroles manquaient de sincérité, c'est vrai. Mais venant de Yuna, c'était mieux que rien. Sans ajouter rien de plus, elle laissa la jeune femme lui expliquer le pourquoi elle et son époux avait besoin de ses conseils. Tout au long de son monologue, Yuna était restée silencieuse. Malgré son silence, elle était très contrariée par tout ce que venait de lui dire Millicent. Depuis le tout début de ce récit, il était clair que c'était l'employeur qui était dans le tort et non le jeune couple. Millicent avait suggéré de présenter une lettre d'excuse à leur patron, mais s'excuser pour quelle raison ? Pour avoir froissé un homme qui abusait de sa position ? C'était tout simplement révoltant et honteux.

« Je vais être totalement franche avec vous en disant que je ne comprends pas l'utilité d'une lettre d'excuse dans une situation telle que la vôtre. J'ignore si vous en êtes conscient, mais un employeur à certaines obligations vis-à-vis de ses employés qu'il se doit de respecter. Je n'ai aucune idée de ce qui a été dit ou si cela était mérité, mais le respect est de mise dans n'importe quel milieu de travail. Même si on peut parfois l'oublier, il y a certaines choses qui sont bel et bien demander, voir exiger par la loi. Que ce soit physique ou verbale, la violence et l'abus ne sont pas permises entre employer et employeur. Si jamais votre patron a dépassé les bornes avec votre stagiaire, le tort lui revient et il ne peut que s'en prendre à lui-même. Je me dois aussi d'ajouter qu'en tant qu'être humain ayant droit à la liberté d'expression, vous et votre époux aviez tout à fait le droit de partager votre mécontentement, tant que cela ait été fait de façon civiliser. Mais comme je n'ai aucun détail quant à ce qui a été dit entre vous et votre époux ou encore entre le stagiaire et votre patron, il m'est difficile de comprendre la gravité de la situation. Si vous pouviez gentiment m'éclaircir sur ce point, je vous en serais très reconnaissante. »

Franche et directe, Yuna allait toujours droit au but. Aussi insignifiant celui puisse paraitre aux yeux du jeune couple, savoir exactement ce qui avait été dit, mots pour mots, était d'une grande importance. Sans ça, il était impossible pour elle de savoir si la suspension de Marvin était méritée ou non. Elle avait bien une petite idée quant à la réponse, mais il était préférable d'avoir tous les faits sur table avant de sauter trop rapidement aux conclusions et de se tromper.

Après avoir écoutée l'histoire que venait de lui compter M. McFadden, Yuna ne pouvait que ressentir du dégoût pour cet homme qu'elle n'avait jamais rencontré. Si elle avait bien tout compris, cet être abject semblait aussi faire dans le harcèlement sexuel et ça, c'était quelque chose que Yuna ne pardonnais jamais. Loin d'être désagréable à regarder, l'avocate avait déjà connu ça dans le passé, mais contrairement à certaines femmes qui s'avéraient être beaucoup plus vulnérable qu'elle, Yuna ne s'était jamais laissée faire. Fâchée et contrariée par tout ce qu'elle venait d'apprendre, son regard s'était durcis. « Je dirais même très grave, M. McFadden. » Répondit-elle très sérieusement. En regardant bien son visage, on pouvait facilement deviner qu'elle n'entendait pas du tout à rire. « Quant à ce vous devriez faire tous les deux, laissez-moi quelques minutes pour y réfléchir... » Selon Yuna, il y avait deux options envisageables pour les deux futurs parents et l'une d'entre elle plaisait beaucoup à l'avocate. Peu importe le choix qu'ils allaient faire, ils allaient avoir besoin de rédiger une lettre d'excuse des plus convaincante. La première option, ne plaisait guère à Yuna, car il s'agissait simplement de lécher les bottes de leur supérieur pour que Marvin récupère son emploi, mais sans plus. Quant à la deuxième option, celle-ci plaisait davantage à la jeune femme. Bien qu'elle soit avocate, ça ne voulait pas dire que Yuna jouait toujours fair-play pour obtenir les informations dont elle avait besoin pour jeter l'ennemie à terre. Après avoir bien réfléchi à tout ça, l'avocate pris une grande inspiration avant de finalement faire part de ses idées à Marvin et Millicent. « Tout dépendamment de ce que vous souhaitez M. McFadden , deux choix s'offre à vous. Bien que cela me tue de dire proposer cela, je peux comprendre que récupérer votre travail pour subvenir au besoin de votre famille est quelque chose d'important. La façon la plus rapide de faire cela, est de bien sûr faire une lettre d'excuses suffisamment convaincante pour qu'on lève votre suspension et ce, sans devoir passer par la justice. Néanmoins, une fois votre travail récupéré, rien n'aura réellement changé dans votre milieux de travail, j'en ai bien peur. » dit-elle avec dégout. « Mais si jamais le changement est une chose qui pourrait vous intéresser, j'aurais bien quelque chose d'autre à vous proposer. Une fois votre suspension levée, vous pourriez en profiter, vous et Millicent, pour amasser des preuves tangibles quant à ce que vous avancez, et qui plus tard, pourrait être utilisé contre votre supérieur. Je ne vais cependant rien vous cacher en vous disant que cette façon de faire comporte de nombreux risques...» Dit-elle au jeune couple. Un sourire sournois accroché au visage, elle les observait tous les deux dans l'attente d'une réponse, qui elle espérait, s'avérerait être celle qu'elle voulait entendre. « Je vais vous laisser quelques minutes pour bien y réfléchir... Mais sachez néanmoins que si jamais vous en veniez à choisir la deuxième option, vous pouvez compter sur moi pour protéger vos arrière, faite moi confiance...» Finit-elle par ajouter en riant avec douceur.  

Yuna fut très heureuse du choix qu'avait fait le jeune couple et ça devait sans aucun doute se voir sur son visage de poupée. Tout sourire, l'avocate leur tendis sa carte ainsi qu'un document à remplir. « Je vous laisse ma carte en cas d'urgence et ce document est à remplir pour avoir mes services. » Pris-t-elle le temps d'expliquer à Millicent et son époux. « Pour ce qui est des coûts, il n'y a aucun soucis à avoir. » Avait-elle pris la peine d'ajouter.  « Je m'en fiche pas mal de l'argent, tant que justice soit faite ! » Fidèles à elle-même, jamais l'argent de ses clients ne l'avait intéressé, ceux-ci pouvant lui donner une somme modeste s'ils n'avaient pas les moyens de payer le plein prix. Yuna était loin de faire partie de ces avocats qui ne se souciait que de leur salaire et compte en banque. Ayant toujours pris la défense de ceux qui en avaient le plus besoins, elle détestait ces avocats qui ne souciaient que du montant que pouvait leur apporter leur client plutôt que de se soucier de leur besoin. À l'époque où elle était encore qu'une stagiaire, il lui était souvent arrivé de se prendre la tête avec des collègues de travail qui ne partageait pas la même vision qu'elle lorsqu'il était question de comment bien choisir ses clients, soit celle de choisir une cause qui valait la peine d'être défendu plutôt que le compte en banque de celui qui demande vos services. Heureusement qu'aujourd'hui Yuna possédait son propre cabinet, lui évitant ainsi de devoir partager son espace personnel avec ce type de personne qu'elle considérait comme étant abjecte. En tant que femme de la maison, elle allait devoir préparer le diner et rassasier sa petite famille, que cela lui plaise ou non de devoir le faire. Yuna n'avait jamais été douer, que ce soit pour la cuisine ou pour le ménage, car ayant toujours eu quelqu'un pour le faire à sa place avant qu'elle ne vienne s'installer en Amérique. Avalant une dernière boucher de gateaux, elle déposa sa petite assiettes sur la table basse et se leva. « Veuillez m'excuser, mais j'ai bien peur devoir vous quitter, car ayant moi-même une petite famille de qui je dois m'occuper. » Dit-elle en soupirant, car trés ennuyer de devoir le faire. « N'oubliez pas de rédiger votre lettre et me donner des nouvelles quant à la réponse une fois que ce seras fait. »  Avait-elle demander gentiment à son hôte. « Si j'amais vous aviez besoin d'aide pour le faire, ne vous gêner surtout pas de me lancer un petit coup de fil. » Yuna était plus que prête à aider Marvin et sa femme dans leur démarche, quitte à devoir torde quelques bras, si cela s'avérait être nécéssaire pour les aider.