Haley était partie en plein milieu de la nuit, elle n'avait fait que prendre le strict minimum, après tout elle n'avait jamais eu la volonté de s'installer durablement à Richmond, et encore bien moins depuis que ses enfants étaient venus la voir un week-end là-bas. Alors elle avait regroupé le peu d'affaires qu'elle avait emporté avec elle ce soir-là et elle avait tout laissé tomber, finalement tout cela était bien peu de choses face à l'importance de la famille. Richmond était finalement bien terne, malgré tout ce qu'il y avait à découvrir, malgré toutes les possibilités dont elle disposait là-bas et qui pourrait sans doute lui permettre d'avancer dans sa carrière de chanteuse, elle n'arrivait pas à trouver le réconfort. Voilà qu'elle était partie depuis un mois et jusque là elle avait assumé son choix, sans pour autant en assumer les conséquences, car les conséquences n'étaient pas en Virginie, non elles attendaient bien sagement à Tree Hill et le fait qu'elle reste éloigner de chez elle ne faisait sans doute qu'aggraver les choses et l'inquiétude ne cessait d'enfler petit à petit. Pour autant, cette nuit là, il était paru comme une nuit décisive, comme le moment venu pour pouvoir rentrer chez elle et ainsi pouvoir sauver ce qui pouvait encore être sauvé. Les larmes avaient coulés, longuement, avant que ces yeux ne soient finalement trop sec pour pouvoir se laisser aller à temps d'efforts.

La honte était sans doute ce qui définissait le mieux son état d'esprit à cet instant. Elle s'était sentie terriblement tellement coupable, tellement inutile, tellement incapable de pouvoir tenir son rôle de femme et de mère. Comment pouvait-elle être aimé de son mari et de ses enfants alors qu'elle n'avait pas su les protéger ? Haley avait vu son fils disparaître dans les mains d'une jeune femme obsédée par sa famille et qui avait définitivement décidé de faire payer à la jeune mère la place qu'elle convoitait sans pouvoir l'obtenir. Il y avait ensuite eu le cas  de Nathan, elle était restée forte pour ses enfants mais elle n'avait eu de cesse depuis ce temps-là de vivre dans la plus sombre des angoisses qui s'était avérée justifier avec Lydia. Son cœur de mère avait saigné et son esprit avait été fortement troublé, elle avait sentie de plus en plus la pression s'abattre sur elle mais elle était restée, elle avait fait bonne figure même si elle n'avait pas manqué que ces nerfs flanchent quelque peu. Et les tensions étaient nés au sein de son couple, puis au sein de sa famille. Elle avait alors fuis, car c'était ainsi plus simple à supporter, que de voir chaque jour ce regard de reproche et en même temps ce regard d’incompréhension qu'elle voyait chez Nathan. Elle aurait voulu le rassurer mais elle n'arrivait pas à se rassurer elle-même. Elle n'avait vu comme échappatoire que de s'en aller quelque temps pour faire le point.

Le point, elle n'avait pas réussi à le faire, en tout cas elle seule il lui semblait difficile d'y parvenir alors elle avait tout quitté, envoyer un message à Quinn lui demandant si elle pouvait alors venir à dormir chez elle pendant quelques temps, ne se voyant pas revenir au domicile conjugal comme une fleur au petit matin comme si de rien n'était, sur un coup de tête tout comme elle était partie. Il ne manquerait plus qu'elle vienne à contacter Nathan, qu'il se donne rendez-vous dans un coin aussi neutre que possible et qu'elle arrive à lui exprimer tout ce qu'elle avait sur son cœur. Haley avait passé le panneau de Tree Hill au petit matin, elle était restée un moment silencieuse les mains sur le volant sans savoir trop ou elle pouvait se rendre. Puis ses pas l'avaient guidés jusqu'au Karen's Café qui devait déjà être ouvert à cette heure-ci. Elle se gara non loin de là, elle se regarda rapidement dans le miroir du pare soleil pour pouvoir observer que ses yeux avaient légèrement dégonflés, elle fit un rapide raccord maquillage, histoire qu'elle ne fasse pas peur ou qu'elle provoque d'autres interrogations concernant son visage aux traits lugubres et fatigués. Elle passa la porte, l'endroit était encore tranquille à cette heure-là et elle avança en direction du comptoir, elle avait besoin d'une bonne boisson chaude et c'était le meilleure endroit de la ville. Pour autant, elle ne pensait pas qu'elle se retrouverait face à face à celui qu'elle avait décidé de fuir il y a un mois déjà. « Nathan … Qu'est-ce que tu fais là ?! »

Son ventre s'était mis à fourmiller étrangement, son regard l'avait à la fois tétaniser sur place et pour autant, elle sentait une douce chaleur gonflée en elle, une sensation qu'elle connaissait bien, une sensation qu'il était le seul à pouvoir lui faire ressentir, le seul à pouvoir lui procurer autant de choses dans un regard, et tellement plus dans un geste. Haley en avait le souffle coupé de se retrouver là devant lui. Il fallait dire qu'elle ne s'y attendait pas vraiment, Nathan travaillant au Karen's café c'était une chose tout à fait exceptionnelle et c'était une chose à ajouter à la longue liste de ses qualités. Alors qu'elle avait tout quitté du jour au lendemain, il n'avait pas lâché prise et même concernant un commerce qui ne lui appartenait pas véritablement, il s'était employé à la remplacer. Et de cela aussi, elle lui en était profondément reconnaissante. Elle s'approcha un peu plus de lui, ne faisant pourtant aucun mouvement pour pouvoir entrer en contact physique avec lui, elle n'avait pas ce droit-là, elle n'avait plus ce droit-là depuis qu'elle avait fuis le domicile conjugal. Il devait tellement la haïr, la détester d'avoir à nouveau abandonner … Sauf qu'à présent, ils n'étaient pas tous les deux, juste lui et elle, tous jeunes mariés, deux gamins un peu perdu qui avaient rapidement été submergé par les problèmes que leur imposait une vie d'adulte un peu trop précoce. Non, aujourd'hui, il y avait Lydia et James dans l'équation, c'était bien différent, il n'y avait pas seulement leurs sentiments à eux qui étaient en jeu, il y avait aussi ceux de leurs enfants et la jeune femme savait pertinemment qu'elle avait pris les mauvaises décisions et qu'elle ne pourrait pas réparer ça aussi facilement qu'un claquement de doigt. D'ailleurs, quand elle avait fait le choix de son retour à Tree Hill, il n'avait jamais été question qu'elle se pointe chez eux et qu'elle réintègre la maison comme une fleur. Elle avait envoyé un message à Quinn pour demander s'il était possible à ce qu'elle reste chez elle quelques temps, demande qui avait été rapidement accepté par cette dernière même si la plus jeune des filles James se doutait parfaitement que sa sœur aurait son lot de questions sur son départ puis son retour, tout aussi étrange.

Haley se mordit la lèvre doucement alors qu'il lui posait la question sur son retour, elle baissa la tête honteuse quelques instants avant de fixer à nouveau le regard puissant que Nathan posait sur elle. Elle ouvrit la bouche une ou deux fois, sans parvenir à émettre un son, elle soupira, s'en voulant de se montrer aussi stupide face à son mari avant de prendre le courage de lui répondre. « J'étais à Richmond … Jusqu'à cette nuit en fait … Je n'arrivais pas à dormir ... » Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je n'arrive plus à dormir depuis que tu n'es plus à mes côtés … D'ailleurs je n'arrive pas à grand chose quand tu n'es pas là. » Elle se mit à rougir bêtement, en même temps qu'un angoisse sourde se mette à grandir dans son cœur, attendait le couperet qui ne manquerait pas de tomber en réponse à ses paroles. « J'ai quitté Richmond, j'ai tout quitté là-bas, la musique ne met à rien, et la décision que j'ai prise ne mène à rien … Je ne me sentais plus capable … J'ai failli dans mon rôle de mère, pas seulement en partant de la maison, je n'ai pas pu protéger Lydia pas plus que Jamie … Mais sans eux … Sans toi … Je ne suis rien ... » Elle recula un peu, reprenant conscience de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Même ici dans le Karen's café, elle avait l'impression qu'elle n'était pas à sa place, qu'elle était presque en désaccord avec l'atmosphère qui régnait dans ces lieux et qu'elle avait perdu ses droits sur beaucoup de choses. Elle n'était partie qu'un mois, mais c'était sans doute un mois de trop. Assumer ne serait pas simple, se faire pardonner encore moins. « Je … Je vais peut-être te laisser travailler … A moins que tu veuilles que je m'en occupe pour la journée … Tu as aussi ton travail … »